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hervé juvin - Page 34

  • Vers un retour du protectionnisme ?...

    Dans une intervention en date du 20 juin 2011, enregistrée par Realpolitik.tv, Hervé Juvin, l'auteur de l'essai fondamental intitulé Le renversement du monde (Gallimard, 2010), revient sur la question du protectionnisme et sur son nécessaire retour dans le débat politique...


    Hervé Juvin : l'heure est-elle au retour du... par realpolitiktv

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  • Quand les chinois construisent l'Europe...

     Vous pouvez visionner ci-dessous sur Realpolitik.tv un entretien avec Hervé Juvin sur la menace que les entreprises chinoises font peser sur l'Europe et son modèle social à construire. Clair et percutant ! 

     


    Hervé Juvin : quand les Chinois construisent... par realpolitiktv

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  • Euro : nouvelles du front...

    Vous pouvez visionner ci-dessous sur Realpolitik.tv un entretien avec Hervé Juvin sur la crise de l'euro. 

     


    Euro : nouvelles du front par realpolitiktv

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  • Vers un capitalisme coopératif ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, publié sur son blog Regards sur le renversement du monde et consacré à la construction d'un capitalisme coopératif, local et enraciné comme réponse à la finance mondialisée... Stimulant, comme toujours !

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    Vers un capitalisme coopératif ?

    Faut-il crier : attention, danger ? A la recherche éperdue d’un autre modèle, d’un autre système, ceux qui ont dû faire leur deuil du communisme et du socialisme d’Etat, ceux qui n’ont jamais aimé l’entreprise privée comme ceux qui sont pris de vertige devant les dérives de l’entreprise financiarisée, annoncent avoir trouvé la solution ; le capitalisme coopératif ! Le mot fleurit chez les candidats à la candidature du Parti socialiste comme chez ceux de la nouvelle gauche, et s’il manque encore dans le discours national de la droite libérale comme de la droite nationale, il est bien présent parmi les multiples entités locales et régionales où se joue le combat politique. C’est qu’il revient de loin, le vieux mot de coopération, c’est qu’il trouve de nouveaux accents et une nouvelle portée au moment où la peur de manquer, le spectre du déracinement et le sentiment d’impuissance recréent partout en Europe, et particulièrement en France, certaines des conditions morales et sociales qui ont présidé à la naissance et au succès du mouvement coopératif à la fin du XIXè siècle ! Exode rural, affaiblissement des institutions et du lien social, recul de la foi religieuse et des identités exclusives, perte des repères et des structures traditionnelles, plus directement encore, confrontation à la pauvreté, au manque et plus encore, à l’indignité des conditions de vie ouvrière ; fantasmés ou réels, ces caractères liés à la première révolution industrielle ne sont pas sans rapport avec la situation des sociétés européennes en crise. Et le combat du XIXè siècle contre les usuriers, contre les profiteurs et les accapareurs, contre un capitalisme industriel et financier, colonial et brutal, n’est pas sans actualité au moment où les prédateurs qui ont provoqué la crise de 2007-2008 affichent une insolente santé, s’emploient à liquider les résistances des sociétés qu’ils n’ont pas achevées de coloniser à la loi du rendement financier, la loi de leur intérêt, et exercent à nouveau leur capacité de nuire sur ces sociétés désarmées.

    Vieille rengaine, ou idée neuve ? L’entreprise coopérative serait la forme du capitalisme du XXIè siècle, réconciliant la société et la performance économique, le marché et le lien, la production et la répartition. Il vaut la peine d’y aller voir de plus près, tant la coopérative est comme l’iceberg ; connue pour sa surface parfois agitée, lors d’accidents ou de dérives, elle est inconnue pour l’essentiel, son fonctionnement, son activité, les services qu’elle rend, son idéologie. Que ceux qui choisissent la coopération sachent ce qu’ils choisissent, pour l’utiliser, pour l’inventer, ou pour la refonder ! Car la coopération a été une arme, pas seulement pacifique, pour faire entendre raison ou pour mater les prédateurs, les usuriers ou les négociants ; les dirigeants coopératifs qui se laissent séduire par les banquiers d’investissement et serrent la main de leurs pires ennemis devront s’en souvenir. Car la coopération est forte d’un enracinement dans un territoire, dans une communauté professionnelle, dans un collectif identifié, déterminé et circonscrit ; la coopération instaure et nourrit une relation exigeante au collectif, à l’opposé de l’individualisme souverain, des droits inconditionnels et de la déliaison instituée par les Droits de l’homme. Car la coopération est discriminante dans l’espace; seuls, ceux qui participent au projet commun et se sont engagés dans le combat collectif en retirent les fruits, et aussi bien dans le temps ; chaque génération de sociétaires sacrifie d’autant plus volontiers une part du rendement financier de l’entreprise coopérative, qu’elle considère que ses enfants, et les enfants de ses enfants, bénéficieront.

    Perte des limites, du bon sens et de la raison ; la crise économique récente est la crise d’un modèle d’entreprise qui a dévoré la société, privatisé l’espace public et ignoré la gratuité, l’identité et la frontière. L’opinion ne s’y trompe pas, qui plébiscite les PME mais juge durement les sociétés du CAC 40, salue les entrepreneurs mais ne pardonne pas aux financiers de faire passer la rentabilité du capital avant leur territoire, leurs voisins et leur Nation. Même les représentants américains évitent désormais de se faire photographier en compagnie de dirigeants de banque ! Autre chose doit venir, autre chose va venir, mais quoi ? Des candidats à la candidature à l’élection présidentielle française, de jeunes et moins jeunes entrepreneurs, des communautés en quête d’autonomie, espèrent avoir trouvé la réponse avec la coopérative. Version 2012 de la nationalisation, version post-moderne de la propriété collective des moyens de production, ou bien version correcte du corporatisme, du localisme  et du régionalisme, la coopérative serait la réponse qu’on n’attendait pas à des questions qui taraudent les élus et, de plus en plus, les Français, et dont la moindre n’est pas la reprise de contrôle par la société d’une système économique et financier qui lui échappe. Tôt ou tard, la coopération serait au cœur de la révolution identitaire qui va conquérir l’Europe, au cœur de cette insurrection de la différence qui marquera la démondialisation engagée. Peut-être, mais attention ! Le danger de récupération est considérable, à un moment où certains de ceux qui ont détruit le socialisme en le convertissant à l’individualisme des Droits universels et du libéralisme intégral, entendent formater la coopération selon leurs intérêts ou leurs ambitions. Et le mouvement coopératif doit redevenir radical, c’est-à-dire retrouver ses racines, qui sont territoriales, communautaires, identitaires, et sa logique d’appartenance, qui fait passer les fins avant les moyens et les nôtres avant les autres. Ceux qui ont promu un sans-frontièrisme délétère, refusé l’application de la préférence nationale et développé un socialisme de l’assistance qui débouche sur l’isolement individuel n’ont rien à faire avec la coopération, sinon pour parasiter, polluer et dégrader un modèle qui a existé sans eux, qui existera après que les Français et les Européens en aient fini avec eux.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 12 mai 2011)

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  • Quand le crime paie...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte d'Hervé Juvin, publié sur son site Regards sur le Renversement du monde et consacré aux agissements criminels de la finance internationale...

     

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    Quand le crime paie

    Le monde de la banque et de la finance va-t-il s’émouvoir des accusations que, dans son dernier livre, John Le Carré porte sur elle ? En bref, et comme le résumait fort bien « le Monde des Livres » ( 6 avril 2011), l’argent de la drogue, des trafics et des mafias aurait sauvé les banques de la faillite en 2008, et plus généralement, en échange de quelles compensations, aurait servi à renflouer un système financier faisant eau de toutes parts. L’accusation n’est pas seulement romanesque. D’abord parce que les livres de John Le Carré ont toujours traduit un solide rapport au réel. Ensuite, parce que ce n’est pas la première fois que les maîtres du jour auraient considéré que l’argent n’a pas d’odeur, surtout quand il s’agit de survivre, eux, leur pouvoir et leurs gains. Surtout, parce qu’elle rejoint l’idée commune ; l’argent, il faut bien le trouver quelque part.

    C’est là précisément qu’il faut arrêter la comparaison, et cesser la spéculation romanesque. S’il est bien possible en effet que tel ou tel établissement ait été tenté de fermer les yeux sur la provenance de fonds qui lui étaient confiés, ou encore d’accueillir favorablement à son capital des actionnaires troubles, ou simplement inconnus, le système lui n’a aucun besoin d’accepter des capitaux, puisqu’il peut les créer. Les crédits font les dépôts. Les promesses de payer valent paiement. Paradoxe ? Non, réalité stratégique à l’œuvre, sachant que la capacité à promettre n’est fonction, en définitive, que de la puissance. C’est en particulier le tour de force des politiques dites de « quantitative easing », consistant, pour les Etats-Unis, à utiliser le privilège exorbitant d’émettre des dollars à un coût pratiquement nul ; 600 milliards de dollars de liquidités ont ainsi été émises par la Federal Reserve depuis l’automne 2010 ( voir l’article de l’Agefi actifs, 14-20 avril 2011) pour l’achat de treasuries, ce qui équivaut à un enrichissement sans cause des établissements bancaires et financiers américains, pour un montant que les mafias auraient du mal à concurrencer ! La Banque centrale européenne n’est pas à l’écart d’une démarche dont l’autre version consiste à accepter de racheter aux banques qui les présentent à ses guichets des papiers financiers de valeur incertaine, à leur valeur d’émission ; peu importe si le marché des investisseurs évalue à 80, à 60 ou à rien ce qui a été émis à 100, la Banque centrale rachète le papier à 100 ! Voilà une autre manière d’émettre de la fausse monnaie, et d’obtenir par un jeu d’écriture une autre forme de création de richesse, équivalent ici à un crédit gratuit, pour des montants supérieurs à tout ce que l’argent sale pourrait apporter dans les comptes des banques.

    Voilà pourquoi il n’y a guère besoin de l’argent du crime pour que la bulle financière se regonfle et que les acteurs des marchés financiers retrouvent leur superbe. Les techniques de refinancement permettent assez bien de faire disparaître la réalité des prix, comme la titrisation avait merveilleusement permis de faire disparaître la réalité des risques. Voilà aussi pourquoi, à l’évidence, les affaires monétaires et financières sont devenues des affaires stratégiques, de la plus haute importance pour la conduite des Nations, la confiance des individus et l’autonomie des peuples. Car ce n’est pas parce qu’elle n’a pas eu besoin de l’argent de la drogue et des mafias que la banque et la finance ne posent pas des questions de sécurité collective, de paix, et de sûreté. Les émeutes de la faim l’ont dit dès 2007 et commencent à le répéter ; la volatilité des prix tue. La paupérisation accélérée d’une partie de cette « classe moyenne » européenne qui croyait que les engagements étaient faits pour être tenus, va le dire bientôt ; la rupture du pacte social imposée par les marchés se paie. Et la réduction de la démocratie à l’accessoire – votez, nous nous occupons de ce qui compte vraiment ! – elle aussi se paiera, se paie déjà, dans les urnes et dans les rues. C’est que les peuples d’Europe ne sont pas dupes ; rarement un si petit nombre d’hommes aura autant nui à un si grand nombre, rarement une telle impunité aura été assurée à la mafia mondialiste des hedge funds, des intermédiaires financiers et des fabricants de prix de marché, rarement une telle captation publique aura été consentie à un si évident groupe de prédateurs. L’histoire l’enseigne ; quand quelqu’un prétend faire le travail de Dieu, il faut l’éliminer sans recours et sans délai. Le crime de démesure était le premier péché des Grecs. Que l’avons-nous oublié ?

    Tout regard sur les politiques des banques centrales, sur les décisions publiques de sauvetage des systèmes bancaires, sur l’organisation des marchés financiers, révèle à quel point les unes et les autres ont été les moyens d’enrichissement sans cause, d’acquisition d’actifs qui ne seront jamais payés, de détournement d’autres actifs, de destruction de la confiance et de mise sous dépendance de populations et de régions entière. Qui a dit que la finance de marché n’était pas stratégique ? Les Chinois semblent avoir bien compris ce que les Américains savaient déjà, à l’école il est vrai des Britanniques ; il est peu de gains de guerre que la finance de marché ne permette pas d’obtenir, sans la guerre. Affamer des populations ennemies ; se rendre maître des actifs stratégiques ; détruire des monnaies concurrentes ou rivales ; ruiner la foi publique, la confiance dans les engagements de long terme ; amener des systèmes sociaux à l’éclatement ; imposer la loi des investisseurs et des gérants, la loi universelle du plus fort rendement du capital investi, c’est-à-dire parachever la colonisation de la planète par la loi du capital, que le droit prépare, organise, et rend irrésistible ; drôle de paix, qui voit des situations d’appauvrissement et de déclassement, des mises sous dépendance et des ruines collectives comme seules les guerres avaient su les déterminer auparavant, tout cela au nom du développement, de la croissance et du Bien !.

    Face à ces situations, qui n’épargnent pas l’Europe, qui guettent l’Europe, l’historien rappelle que les prêts financiers non remboursés, d’Haïti à Madagascar et aux Philippines, ont été une constante raison de guerres et de colonisation. Le financier assure que rien n’a d’importance, tant que les affaires marchent. Le politique sera plus direct. Une partie de l’activité financière est à ranger parmi les activités criminelles, parce que leurs conséquences sont criminelles. Le déport magistral de richesse et de revenus vers la finance de marché est un enrichissement sans cause. Les facilités données aux établissements pour se refaire et continuer est un abus de biens publics. Les émissions de monnaie sans contrepartie sont une agression contre les autres monnaies, une OPA sur tous les actifs libellés dans ces monnaies, l’équivalent d’une agression contre les autres Nations souveraines. La volatilité des prix de la terre, des récoltes, de l’eau et de l’énergie, tue. Et les facilités de refinancement accordées par prise en pension de titres sans prix, sont une atteinte à la foi publique. Elle condamne l’avenir. Sans parler des situations de conflits d’intérêt systématiques en pareille situation, et des informations d’initiés abondamment utilisées. L’ensemble pose un tout autre problème, celui de la dérive criminelle de toute activité humaine sortie d’un territoire, d’une limite et du réel. Il suggère quatre décisions urgentes, nécessaires, vitales :

    -la suppression des opérations de marchés dérivés par compensation des positions prises ;

    -la séparation totale des opérations de dépôt-crédit et des opérations de marché, ces dernières ne disposant d’aucune garantie publique ;

    -la suppression de l’anonymat des acteurs des marchés, par les mécanismes de trustees et de nominees, aucune opération n’étant admise si l’opérateur final n’est pas identifié.

    -la renationalisation des Bourses, activité garante de la foi publique.

    Urgentes, nécessaires, exclues… N’est-ce pas le paradoxe de la situation politique actuelle, de l’affaiblissement de l’Etat et de l’épuisement des peuples, que des constats aussi aisés, des perspectives aussi graves, et un consentement aussi étendu à l’incapacité d’agir ? Et n’est-ce pas l’étonnement du présent ; la réalité dépasse la fiction ?

    Hervé Juvin, 15 avril 2011

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  • De la censure en France...

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial d'Hervé Juvin, auteur du Renversement du monde (Gallimard 2010), publié sur son site personnel, Regards sur le renversement du monde.

     

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    Censeurs, savez-vous bien ce que vous faites ?

    Ce n’est pas loin, 1976. Cette année-là, on a brûlé dans la cour du Palais de Justice, les bandes du film « L’Essayeuse », de Serge Korber, sur les plaintes d’associations familiales, en raison du caractère pornographique du film. C’était peu de temps après que le doux poète, André Hardellet, ait été condamné pour le livre « Lourdes Lentes » (publié en 1969, le livre fut condamné en 1973 par la 17è chambre correctionnelle pour « outrage aux bonnes mœurs ), au moment où le livre « Le Château de Cène », de Bernard Noël, lui aussi déclenchait les foudres des critiques et des ligues de vertu. Dans les mêmes années 1970, un grand et prestigieux éditeur français publiait, entre autres, « La Petite Marie» (1972), petit livre sous couverture bleue, racontant en termes choisis mais précis l’initiation d’une élève de treize ans par sa professeure et l’amant de celle-ci (1). Et qui se souvient des écrits de Tony Duvert, de Gabriel Matzneff et de tant d’autres ?

    Vingt-cinq ans plus tard, j’ai vu, sur une chaîne de télévision, à une heure de grande écoute, un film à peine coupé du même Serge Korber. Vingt-cinq ans plus tard, nul ne trouverait rien à redire sans doute à ce que le livre d’André Hardellet, celui de Bernard Noël, figurent dans des programmes d’enseignement ; mais il est clair que l’auteur, l’éditeur, les critiques favorables à « La Petite » seraient sans forme de procès embastillés, privés de défense et condamnés par l’opinion avant de l’être par la cour – pensez, une mineure de treize ans !

    Il faudra bien un jour écrire une histoire de nos sensibilités modernes, et prouver à une opinion incrédule à quel point les années, sur le même sujet, et sur les mêmes publics, condamnent ce qui était célébré, et célèbrent ce qui était condamné – en moins d’une génération ! Et il faudra aussi écrire l’histoire de la censure, pour montrer par quels procédés et par quels détournements ceux qui cultivent la haine du peuple et se défient des Français comme de la France, s’emploient à interdire aux Français de dire, de débattre et de décider. Un détour par les Etats-Unis, puritains si l’on veut, sidérés par les étalages de chair aux étalages de nos kiosques à journaux, mais qui titraient, en première page de USA Today, lors de la convention démocrate de Los Angeles, à Beverly Hills, en août 1999, « Est-il bon pour les Etats-Unis d’avoir un vice-Président juif ? » à propos de la désignation du sénateur Liebermann comme second d’Al Gore dans la course à la présidence (2), est significatif  ; une écoute de nouveaux arrivants musulmans, incrédules devant ce qu’ils ressentent comme une provocation sexuelle permanente, conscients de l’abandon de parts grandissantes du territoire aux mafias et aux clans, lucides devant le rôle des réseaux confessionnels dans l’organisation future de ces territoires, l’est tout autant ; et l’aveu récent de Chinois, hommes d’affaires multipliant récemment les allers-retours commerciaux sur la France, incrédules devant les plaintes portées contre des Préfets et des Ministres, et s’étonnant d’une population française bien étrangère à leurs représentations et à leurs attentes, confirme ce que suggère toute écoute d’une conversation de cantine professionnelle ou de table familiale ; « le renversement du monde » est aussi le renversement du domaine de la censure. La diversité humaine est devenue ce qu’était le sexe, ce qui ne se montre pas, ce qui se nie, ce qui se cache à tout prix. Censurer le politique pour débrider le commerce, voilà l’objet caché de la vertu moderne. Tout ce qui peut exciter, affamer, ou seulement réchauffer les désirs d’un consommateur saturé de sollicitations, est désormais autorisé ; et l’épuisement du plus fondamental des désirs humains, le désir sexuel, est programmé par sa sollicitation permanente et détournée vers son unique objet véritable ; le commerce et la banque. En revanche, et c’est le fait nouveau, tout ce qui peut arracher l’individu à sa condition de consommateur désirant sans fin, tout ce qui pourrait lui donner conscience d’une appartenance et d’un lien, d’une identité et d’une foi, d’une singularité et d’une autonomie, doit être interdit, banni et censuré. Vous êtes priés de ne pas penser, désirez seulement ! Le culte de l’indétermination de l’individu est présenté sous les couleurs chatoyantes de sa libération ; libéré de tout, même de lui-même, même de sa liberté et de son autonomie, l’individu isolé moins encore que désolé est livré à l’industrie de production du désir qui règne sans partage.

    Et voilà à quoi sert désormais la censure ; à empêcher que les Français disent ce qui leur importe, parlent de ce qui compte pour eux, et débattent des sujets politiques, c’est-à-dire de leur singularité, de leur circonscription et de leur projet. Passez, il n’y a rien à voir ! Interdit de voir, de compter et de nommer, en parler est déjà coupable ! L’instance mondialiste appuie à fond pour en finir avec la singularité française. Et voilà comment la France n’est plus le pays de la liberté de pensée, depuis qu’elle a laissé passé cette indignité qu’est une loi créant un délit d’opinion. Et voilà comment la France n’est plus une démocratie, depuis que ce qui fait la France et les Français ne peut plus être nommé, compté et désigné. Entre ce que disent les Français entre eux, sur les incivilités et l’insécurités, sur ce que signifie être Français, sur la nécessité d’introduire le droit du sang dans l’accès à la nationalité, sur leur confrontation à des mœurs, des comportements et des relations qui bafouent ce qu’ils ont appris être le Bien et le Vrai, moins du tiers est susceptible d’être exprimé en public, moins du tiers est susceptible d’éviter les foudres des ligues de vertu et des mouvements de dissolution de la France dans le grand tout mondialisé, globalisé et métissé qui habille si bien la haine de soi et des siens. 

    Chacun comprend l’intérêt des censeurs, qui garantissent des parts de marché à l’expression publique autorisée, qui assurent au capitalisme financier un recours illimité à l’esclavage et au trafic de main d’œuvre, qui confortent le pouvoir de mafias autoproclamées et autonettoyantes sur l’espace public médiatique, avec les rétrocommissions assurées. Mais attention ! Le réel se venge toujours. Il est grave que débat politique soit réduit au non-dit, aux sous-entendus, ou au déni. Il est grave que le débat d’idées soit arbitré par le juge, qui n’a ni qualité, ni légitimité, à déterminer ce que les Français peuvent dire, penser, et choisir. Ceux qui croient bon d’attaquer en justice un ministre ou un préfet, simplement parce qu’ils défendent la France et les Français, mesurent-ils l’affaiblissement de l’Etat et de la justice qui découle de ces parodies d’accusation, de défense et de jugement ? Les mensonges sur les vrais chiffres de l’immigration, sur ses coûts et ses avantages, quand ils contredisent si évidemment la réalité, détruisent la foi dans les comptes et les statistiques publics. Les mensonges sur la réalité des délocalisations et du libre-échange, la destruction de l’emploi industriel en France et les bénéfices qui en résultent pour les entreprises, détruisent la confiance dans la politique économique. Les mensonges de l’individualisme méthodologique opposés à l’évidence de la construction dans le temps d’un peuple et d’une Nation, notamment sur le nombre de générations qui font un Français, notamment sur le temps qui fait que tous, peut-être, seront de bons Français, mais dans vingt, trente ans, après quelles épreuves et quels errements !, le déni plus encore du droit des Français à savoir, à dire, et à décider, ne peuvent avoir qu’un effet ; le repli dans le malheur individuel d’abord, la violence de la dignité bafouée et de la survie menacée, ensuite. Ceux-là même qui entendent célébrer et la démocratie, et la République, doivent entendre le message que la démocratie américaine nous envoie ; il n’est aucune question, il n’est aucun sujet qui soit dans l’opinion qui ne puissent être exprimés, instruits, et débattus. Il est certainement des réponses, des propositions et des lois qui sont mauvaises, dangereuses, et qui doivent être refusées. C’est l’objet de la démocratie, et nul des bien pensants par tribu, des sachants par naissance et des autorisés d’eux-mêmes n’a qualité pour dire aux Français ce qu’ils doivent savoir, débattre, et déterminer. Contre la censure, contre le détournement du débat public, contre la confiscation de la démocratie, la tâche de ceux qui croient à la République, à la souveraineté du peuple, condition de l’autorité de l’Etat et de la justice rendue, est urgente, elle sera courageuse, c’est un nouveau combat de Libération qui requiert l’énergie la plus haute, celle de la liberté nationale. 

    Hervé Juvin (10 avril 2011)

    1 – L’éditeur s’appelait Gallimard… Ceux qui veulent prendre du recul sur l’hystérie contemporaine à propos des relations amoureuses entre adultes et mineurs liront avec intérêt l’affaire Gabrielle Russier, et plus encore les débats consacrés à la révision du Code pénal concernant la sexualité et l’enfance, en 1979, tels que le tome 2 consacré aux « Dits et Ecrits » de Michel Foucault ( Quarto, Gallimard), membre de la commission aux côtés de Guy Hocquengem, entre autres, en rend compte ( p. 763 et suivantes, par exemple ). 

    2 – pour conclure, après avoir présenté sur deux colonnes les arguments pour et contre, à l’intérêt pour le peuple des Etats-Unis, d’avoir à la vice-présidence un homme dont la vertu personnelle, la foi religieuse, la quête spirituelle et l’engagement communautaire garantissaient des valeurs fortes.

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